J-2 ! Alors que nous sommes très proches de l’édition 2020 du meeting Herculis EBS, nous pouvons vous assurer une chose : les athlètes sont prêts ! Ces dernières semaines, nous avons pris le temps de discuter avec des athlètes de classe mondiale pour parler de choses et d’autres.
Principalement, les sujets les plus discutés ont été le confinement, l’entrainement pendant cette période, et les objectifs pour cette saison et pour Monaco. En voici un condensé.
Sifan Hassan :
Sur son confinement :
J’avais très peur du virus. Heureusement, je n’ai pas eu de membre de ma famille touché directement. En tant qu’athlète, je n’ai pas du tout envie d’être malade. Alors j’étais extrêmement précautionneuse ces trois derniers mois. Je réfléchissais où j’allais, couvrais toujours ma bouche, et me nettoyais constamment les mains. Même si ma vie est focalisée sur la vitesse à laquelle je cours, certaines situations sont plus importantes et j’étais juste contente d’être en bonne santé.
Sur son entrainement :
J’ai vu toutes les compétitions s’annuler, les Jeux Olympiques, les championnats du Monde du semi-marathon, et c’était dur de rester motivée. Je restais en bonne forme pour le semi-marathon mais quand les championnats ont été annulés, j’ai perdu ma motivation. J’ai fait une pause de deux semaines. Des porteurs du coronavirus sont aussi venus en Éthiopie, alors la piste a été fermée. Le gouvernement a donné l’ordre de rester chez soi pendant avril et mai. À cause de cela, je n’ai pas pu faire grand-chose. Je suis restée chez moi et je me suis également entrainée chez moi.
Sur ses objectifs :
Je suis focalisée sur Monaco, mais je n’ai pas réellement préparé cette échéance. Quand tout était fermé, et que la piste était fermée pendant deux mois, je ne me suis pas beaucoup entrainée. En juin, quand les choses se sont améliorées, il y a eu des conflits politiques en Éthiopie et c’était très dangereux d’aller dehors. J’avais vraiment hâte de courir plus vite à Monaco, particulièrement parce que c’est ici que j’ai battu le record du monde du Mile, mais en restant chez moi tout ce temps, je n’ai plus trop de repères. Je vais juste y aller et voir comment je me sens.
Donavan Brazier :
Sur son confinement :
Je culpabilise parce que j’ai la sensation d’avoir un peu perdu mon temps. Les gens apprennent de nouvelles langues et d’autres trucs, et moi j’ai vraiment juste fait de la boxe dans mon sous-sol. Mais je n’ai vraiment pas développé de nouvelles compétences ou des recettes de cuisine, j’allais juste dans le sous-sol me défouler.
Sur sa concentration et comment il a gardé sa motivation :
On sentait que la saison allait être annulée. Tout était en train de fermer. La ligue de baseball, la NBA et d’autres compétitions s’arrêtaient. Quand ils ont annulé les Jeux Olympiques, ça a heurté beaucoup d’athlètes, ça leur a fait perdre leur focus initial. Notre coach Pete Julian nous a répété que nous aurions quand même des meetings ici aux États-Unis. On a essayé de faire tout ce qu’on a pu pour normaliser les choses, parce que nous ne devons pas gaspiller cette année. Il y a encore des grandes choses à faire. Et je suis vraiment impatient de courir à Monaco parce que c’est un peu le symbole d’un retour à la normale.
Katarina Johnson-Thompson :
Sur son confinement :
Le confinement en Angleterre était bien. J’avais accès à la piste un petit peu et à des côtes, et j’avais mes appareils de musculation dans mon sous-sol. Mon coach m’envoyait des sessions à distance. Les conseils techniques qui me sont le plus essentiel m’ont beaucoup manqué. En tant qu’heptathlète, je dois faire sept épreuves différentes donc c’était relativement difficile de conserver les progrès que j’avais fait avant le COVID. Mais je suis revenue dans une forme correcte, et maintenant nous avons tout le temps du monde donc je ne suis pas trop inquiète.
Sur son entrainement :
C’était dur de se motiver. Vraiment dur pour moi, car je suis une athlète qui travaille le mieux quand elle se projette vers un objectif important. Le fait que ça devenait de plus en plus dur d’avoir un heptathlon m’a beaucoup affecté. Je pense que j’étais en grande forme en attaquant cette année et que je construisais une bonne dynamique. C’est bien d’avoir des compétitions de haut-niveau désormais. Pour moi, c’est important que les athlètes continuent de faire des compétitions de haut-niveau parce que ce serait tellement plus dur l’année prochaine si tu fais une année sans rien.
Sur le meeting Herculis EBS :
Monaco est un événement que j’ai toujours voulu faire. Ça a toujours été dans mon collimateur. La piste et le stade sont absolument magnifiques. Et il y a toujours des performances exceptionnelles qui s’y passent chaque année. La plupart du temps, cela n’a jamais correspondu avec mon emploi du temps, ou mon programme d’entrainement. Mais cette année, je voulais vraiment faire des meetings de la Diamond League dans les disciplines où je peux être compétitive. Cela va être l’une de mes premières compétitions cette année, donc je ne sais pas trop où mes performances vont m’amener. Mais je veux concourir, sans aucun doute, et essayer de prendre du plaisir pendant cette année.
Karsten Warholm :
Sur ses occupations pendant le confinement :
J’ai regardé plein de films, mais il y a aussi une chose que j’adore faire, c’est construire des Lego. J’en ai beaucoup construit pendant le confinement et je me suis bien amusé à faire ça. J’ai construit le stade d’Old Trafford, ou la Tower Bridge de Londres. J’ai aussi construit le château de Disney par le passé, ou d’autres choses comme des Lamborghini, des Bugatti ou des Porsche.
Sur son entrainement :
En Norvège, on a pu s’entrainer vraiment bien, donc je suis en forme, oui. J’espérais avoir une chance de me tester, donc lorsqu’une opportunité s’est présentée avec Monaco, c’était super. On a un petit groupe d’entrainement. C’est juste Amalie Iuel, Elisabeth Slettum, Leif (son coach) et moi-même. Il y a eu quelques semaines pour lesquelles on a eu quelques problèmes au niveau des infrastructures. Sinon, on a également pu s’entrainer dehors. La Norvège a commencé à réouvrir nos lieux d’entrainement rapidement, et quand les « Bislett Games » ont annoncé qu’ils accueilleraient les « Impossible Games », ils ont également ouvert la piste du stade pour nous.
Sur le meeting Herculis EBS :
Le meeting de Monaco est exactement ce dont on a besoin maintenant parce que les « Impossible Games » et « Inspiration Games » étaient super au début, mais les gens ne veulent pas me voir courir le 300m haies ou courir des distances qui ne sont même pas officielles. On ne peut pas continuer à faire ce genre de choses pour le reste de l’année. Pour moi, Monaco est le meeting le plus spécial parce que c’est la seule chose que l’on aura de normal cette année. C’est ce que je veux et je pense que c’est aussi ce que les spectateurs veulent.
Mondo Duplantis :
Sur son confinement :
Après la saison indoor, quand je suis rentré début mars, c’est seulement quelques semaines plus tard que tout a commencé. Tout a commencé à fermer en Louisiane, la piste, les infrastructures et tout ça, là où j’étais. Je vis à Baton Rouge en Louisiane, à une heure de l’endroit où j’ai grandi, à Lafayette, où mes parents vivent. Quand mon université, LSU, a fermé, je suis retourné chez mes parents pour être chez moi parce que c’est là que se trouvent aussi la plupart de mes amis et surtout là où est ma famille. Donc, je suis retourné avec eux et je me suis simplement entrainé dans le jardin, où j’ai commencé. J’ai une piste d’élan, une petite installation et j’étais là-bas presque jusqu’à juillet, jusqu’à ce qu’ils ouvrent certaines pistes à nouveau. Je suis resté là de fin mars à juillet.
Sur son entrainement :
Je suis parvenu à rester dans une forme correcte, ce n’est pas ma meilleure forme, évidemment mais je sens que j’y reviens après être revenu ici et m’être entrainé pendant environ 1 mois et demi ici en Suède. Donc je n’étais pas dans ma meilleure forme lorsque je suis retourné à la compétition, j’ai participé à des compétitions pour me remettre en état. Je savais que je n’avais pas la forme pour battre un record du monde, mais ça revient progressivement. Globalement, je me sens bien. Je sens que je me rapproche de là où je veux être.
Sur ce vers quoi il se projette :
Je veux participer à des compétitions à nouveaux contre les meilleurs. Je veux dire, c’est pour cette raison que je fais ce que je fais. J’aime m’entrainer mais j’aime m’entrainer parce que ça me permet d’être meilleur en compétition. Je ne veux pas trop m’avancer, j’essaye de penser à un meeting puis à un autre et pour l’instant je me concentre seulement sur Monaco.
On n’a pas eu une compétition depuis un moment tous ensemble, depuis la saison indoor à vrai dire. Ça va vraiment être amusant de se mesurer à nouveau à ces perchistes. En ce qui concerne la hauteur, je ne sais pas, c’est difficile à dire maintenant avec le manque de compétition et tout ça. Le but principal, notamment pour ce meeting est de participer et d’être compétitif parce qu’on ne s’est pas mesuré les uns aux autres depuis un moment.
Joshua Cheptegei :
Sur son confinement :
J’étais à Kapchorwa, en Ouganda. C’était à la fois bien et mal. Cela m’a permis de passer plus de temps avec ma famille, mais dans le même temps, le sport nous a énormément manqué. J’ai fait un peu de jardinage chez mes grands-parents. Mais principalement, j’ai travaillé dans mon école locale. C’est une école primaire, et j’ai travaillé sur quelques rénovations là-bas, comme en peignant les murs.
Sur son entrainement :
Nous n’avons pas eu beaucoup de cas (pendant la pandémie) en Ouganda. Il y a un peu plus de deux mois, le gouvernement a assoupli le confinement. Dans un premier temps, nous avions un entrainement individuel mais on a rapidement pu s’entrainer en petit groupe. La compétition m’a honnêtement manqué. C’est quelque chose que j’aime faire, c’est dans mon sang.
Sur ses prochains objectifs :
Je veux découvrir les limites, mes limites. Si tu crois en quelque chose, tout est possible. Battre un record du monde fut extrêmement difficile, mais lorsque tu connais la bonne méthode, alors cela devient plus facile. Alors, le prochain défi est de chasser un ou deux records du monde de plus. Je serais la personne la plus heureuse du monde.
Noah Lyles :
Sur son confinement :
J’ai fini par travailler sur mes musiques. J’ai aussi eu quelques anniversaires, y compris le mien. Et nous devions être créatifs comme nous ne pouvions pas vraiment sortir. J’ai joué pas mal aux jeux vidéo, et beaucoup aux jeux de cartes aussi. Nous organisions des « soirées jeux » avec quelques amis de l’entrainement.
Sur son entrainement :
On est resté chez nous pendant à peu près 3 semaines. Il n’y a pas eu beaucoup de temps où je n’étais pas en train de m’entrainer ou dehors. On a perdu notre piste pendant environ 6 semaines, alors on s’est entrainé dans un parc. Même si nous n’étions pas en train de voyager ou de courir en compétition, on s’entrainait quand même. Quand la salle de musculation fut rouverte, on ne voulait pas y aller et s’exposer à plus de gens que nécessaire. En ce qui concerne ma forme physique, elle est plutôt bonne. Je dirais juste ça, je suis en très bonne forme.
Sur son prochain objectif :
Actuellement, je suis vraiment uniquement concentré sur Monaco. J’ai dit à mon coach après la Diamond League virtuelle de Zürich que je voulais vraiment courir vite là-bas. Je sais que ça va être une super piste, et que le vent sera probablement légal. Je veux faire tout ce qui est en mon pouvoir pour m’assurer que cette course soit très rapide.
Grant Holloway :
Sur son confinement :
J’ai utilisé ce temps pour m’améliorer en tant qu’homme. Être un meilleur fils, un meilleur petit ami, un meilleur frère. J’ai utilisé cette période pour grandir. J’ai pris le temps de faire des trucs à la maison, passer du temps avec ma famille. J’ai aussi travaillé chez moi. J’étais juste au téléphone avec Aries Merritt, on discutait et on regardait des vidéos de courses. Je regarde des courses et j’étudie les grands de ce sport comme Aries Merritt, Liu Xiang, Jason Richardson ou Terrence Trammell. Cela m’aide beaucoup. Et finalement, j’ai atteint un point où je me suis dit : « Ok, il est temps de retourner courir ».
Sur son entrainement :
Cette année, il n’y a pas de but final. Habituellement, on aurait eu les Jeux Olympiques, les championnats du monde ou la finale de la Diamond League, alors prenons le temps de se préparer et de s’améliorer. Alors j’ai pris le temps de voir ce qui marche pour moi et ce qui ne marche pas. J’ai eu des très bons entrainements à l’université de Floride. Mais ça n’a pas été facile, on s’est entrainé à l’université, puis sur un terrain en herbe, puis sur un autre. Et on a fini sur une piste d’athlétisme publique. Après ça, un de mes partenaires d’entrainement a été testé positif et coach Holloway nous a donné deux semaines. Finalement, nous sommes récemment revenus sur la piste. Ça a été beaucoup de hauts et de bas.
Sur ses objectifs :
Ce travail me projette plus proche d’une médaille d’or olympique l’année prochaine. C’est ma mentalité actuellement. En ce qui concerne Monaco, je ne savais pas si j’allais y participer jusqu’à peu de temps avant, mais je suis confiant que je peux faire une grande course. À l’approche de ce meeting, mon état d’esprit est : « Tu veux rester préparé pour ne pas avoir à te préparer ».